La pension modifie les habitudes de consommation

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Le déficit budgétaire se creuse et c’est un problème. Le gouvernement se gratte  une nouvelle fois la tête ces jours-ci pour mettre un terme à cette aggravation du déficit... et, si possible, inverser la tendance. À long terme, de belles avancées ont déjà été obtenues. Le surcoût du vieillissement serait diminué de moitié d'ici 2070. Mais qu'en est-il vraiment des pensions dans notre pays ? Nous avons examiné avec Prometis Lab comment nos modèles de dépenses changent après le départ à la retraite.

Les locataires coupent le plus dans certaines dépenses. 

Pour cet exercice, nous avons utilisé les données de transactions anonymisées de familles qui sont clientes chez nous. Ces ménages ont été classés dans les catégories « retraités » ou « pas encore » pendant la période 2020-2023. En outre, nous nous sommes appuyés sur la méthodologie utilisée par Johannes Weytjens, Head of Operations chez Prometis Lab, pour examiner comment les familles belges réagissent à différents types de chocs de revenus (voir cette contribution précédente).

Switch après la pension

De manière générale, nous constatons que le départ à la retraite va de pair avec une diminution des dépenses en biens de consommation durables tels que l’électroménager et les voitures. Dans le même temps, une part croissante du budget du ménage est allouée aux biens non durables, comme les produits alimentaires, ainsi qu'aux biens dits semi-durables (achats récurrents mais non fréquents) tels que les chaussures et les vêtements.
Autre enseignement intéressant : si l’on examine ceux qui ont épargné anticipativement pour leur retraite, on observe les mêmes tendances que dans l’ensemble de la population… mais moins prononcées. Ce phénomène est conforme à la théorie économique qui constate que l’épargne sert à stabiliser les habitudes de consommation.

Changements plus radicaux chez les locataires

Les différences dans les dynamiques de dépenses sont encore plus frappantes lorsque l’on compare les propriétaires et les locataires. Ces derniers voient en effet leurs dépenses de services (y compris leur loyer) augmenter significativement. Lorsqu’ils prennent leur retraite, leurs revenus mensuels, qui constituent le dénominateur dans le ratio utilisé ici, chutent de manière plus prononcée. En conséquence, la part totale des services (y compris le loyer) augmente, même lorsque les dépenses totales demeurent stables. Néanmoins, au cours des dernières années, nous constatons que la part de ces services augmente également pour l’ensemble de la population.

Enfin, il apparait que les locataires compensent (partiellement) le poids croissant des services en réduisant leurs dépenses en biens de consommation durables ou semi-durables. Ce phénomène pourrait indiquer que les locataires dépensent moins après leur carrière pour ce qu’une étude a qualifié de « dépenses agréables mais moins essentielles ».