La transition climatique est prête à renaître de ses cendres

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La transition climatique traverse une période délicate. Il en va de même pour les investissements durables. Mais quel que soit le regard porté sur la situation, nous n’avons qu’une seule planète. Les actes concrets peuvent-êtres postposés, mais pas abolis. Ce projet n’en est qu’à ses balbutiements. 

Investissement durable : vents contraires ou opportunités ? 

À partir du 10 novembre, les dirigeants du monde entier se réuniront à Belém, au Brésil, pour la COP30. Il y sera principalement question du lien entre la forêt tropicale humide, la biodiversité et la crise climatique. Le message des pays forestiers est clair : « Nous voulons sauver la forêt, mais nous demandons en retour des compensations pour les opportunités économiques que nous perdons. » 

L’heure de sortir le chéquier 

Lors de la COP29, il avait déjà été convenu de prévoir au moins 300 milliards de dollars de transferts annuels du Nord vers le Sud pour financer la transition climatique (1.300 milliard de dollars en incluant le secteur privé). Sans cet argent, les pays du Sud peuvent faire un trait sur les avancées technologiques, le renouvellement des infrastructures, et l’adaptation aux changements climatiques. Sans l’implication des pays émergents à forte intensité énergétique, nous n’atteindrons jamais la neutralité carbone. Le temps des promesses et des calculs est révolu, il est temps d’ouvrir le porte-monnaie. 

Cependant, les chances d’une percée majeure sont minces. Le monde est déjà très occupé à régler les problèmes qu’il a lui-même créés. Chaos géopolitique, augmentation des budgets de défense... et puis il y a eu cette élection présidentielle américaine. Le président Trump, qui aime déchirer les accords, a récemment torpillé une taxe carbone internationale sur le transport maritime. Alors que 63 pays soutenaient le plan, Washington a fait obstruction. Les pionniers qui ont déjà investi dans des navires verts ont vu leur avantage concurrentiel anéanti. 

L’hiver d’un cycle 

Les investisseurs ont également senti le vent tourner. Comparé aux dernières années, l’investissement durable a reculé parmi les priorités. La transition climatique nécessite une approche internationale coordonnée. Mais celle-ci n’existe pas. Selon l’auteur Neil Howe, nous sommes dans le « quatrième tournant » : la période hivernale d’un cycle récurrent de 80 ans, dans lequel règnent la polarisation et le conflit. 

Le centre politique est en perte de pouvoir. Le courage de mettre en œuvre des réformes – dont tout le monde sait qu’elles sont nécessaires – fait défaut. La peur de renforcer l’extrême gauche ou l’extrême droite est trop présente. Le populisme qui en résulte rend difficile toute forme de coopération. Des défis majeurs tels que le vieillissement de la population, la maîtrise de la dette publique et l’intelligence artificielle sont relégués au second plan. Dans un monde où tout le monde se recentre sur son pays, ses habitants, sa région, son village et, en fin de compte, soi-même, il est logique que l’ESG et le climat disparaissent également de la scène pendant un certain temps. 

L’investissement durable : vents contraires ou opportunités ?  

Le report de la transition climatique pèse également sur les rendements. Après quelques années de grands crus, les fonds ESG sont à la traîne par rapport à la moyenne du marché. Ce n’est pas surprenant, car le secteur vit sur le long terme : vous payez pour l’éolienne aujourd’hui, mais les recettes s’étalent sur des années. Aujourd’hui, dans un monde où les taux d’intérêt sont plus élevés, les valorisations futures perdent de leur éclat. 

Néanmoins, croire que l’histoire s’arrête ici serait une erreur. Le sentiment évolue par vagues, et la technologie climatique est au creux de ce cycle de sentiment. Les attentes sont si faibles que les surprises ne peuvent être que positives. Dans un contexte de pessimisme général, la technologie ne cesse de se développer. Des opportunités gigantesques pourraient s’ouvrir. 

Le printemps arrive  

Le secteur semble également avoir atteint son plus bas niveau du point de vue de l’investissement. Lorsque les actions et les thèmes ne baissent plus malgré une pluie de mauvaises nouvelles, c’est souvent le moment de reconsidérer les choses. Notamment en scrutant les entreprises qui peuvent survivre sans subventions, qui se caractérisent par leur approche pragmatique, loin du romantisme vert ou des slogans politiques. Après tout, le réchauffement climatique ne disparaîtra pas juste parce que nous sommes occupés à regarder ailleurs. 

Pour revenir au Quatrième Tournant de Neil Howe : après l’hiver vient le printemps. C’est une période plus propice au collectif : la collaboration règne en maître et c’est bénéfique pour le récit ESG. Mais d’ici là, le marché des investissements durables aura déjà connu une forte poussée. Peut-être surtout en Europe, où l’idée d’une autonomie énergétique plus rapide -  grâce à des alternatives aux énergies traditionnelles – fait son chemin.