La locomotive allemande 2.0 est-elle sur les rails ?
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Les chiffres du PIB du troisième trimestre publiés ce jeudi confirment que l'économie allemande reste atone. Malgré les efforts du Chancelier Friedrich Merz, l’embellie économique se fait attendre. De leur côté, les chefs d’entreprises commencent à montrer des signes d’impatience.
La locomotive allemande 2.0 est-elle sur les rails ? La question se pose suite à la publication de résultats décevants dans le secteur automobile allemand : pertes colossales chez Porsche suivies d’une solide remise en question et bilan tout aussi sombre pour le groupe VW tout entier qui affiche sa première perte depuis la période noire du Covid. Le nouveau chancelier avait pourtant pris le taureau par les cornes au début de son mandat, faisant naître un bel espoir pour l’ensemble de l’Europe.
Doutes et colères du patronat
Que se passe-t-il ? L’optimisme était pourtant de mise au début de l’année. Tout semblait indiquer que l'Allemagne allait sortir de sa plus longue période de stagnation économique depuis la Seconde Guerre mondiale. Friedrich Merz avait en effet promis de remettre la plus grande économie d'Europe sur les rails en modifiant le fameux « frein à l'endettement » inscrit dans la Constitution. Ceci devait permettre au gouvernement de créer un fonds de 500 milliards d'euros pour reconstruire les infrastructures et augmenter les dépenses de défense. Quelques mois plus tard, cependant, le doute s’est installé et la colère des patrons d’entreprise gronde.
Les chiffres du PIB du troisième trimestre publiés ce jeudi confirment que l'économie allemande reste atone. Après avoir diminué au cours des deux dernières années, le FMI s'attend d’ailleurs à ce que le pays affiche une croissance de 0,2 % cette année, le taux le plus lent parmi les grandes économies avancées. Le chômage a légèrement augmenté depuis janvier pour atteindre près de 3 millions de demandeurs d’emploi, son plus haut niveau en 14 ans. La production industrielle a fortement chuté en août. A cet égard, un graphique publié dans le Financial Times a retenu toute notre attention. On y constate que la production industrielle allemande est tombée en-dessous de son niveau de 2006 ! Il y a de quoi s’inquiéter.

Urgence et promesses de relance
Les chefs d'entreprise s'impatientent et doutent de plus en plus du succès de la stratégie du Chancelier, du moins à court terme. Certes, la simple promesse d'une relance budgétaire a soutenu le marché boursier allemand et relevé les prévisions de croissance à moyen terme, alors même que les conditions économiques mondiales se sont détériorées. Toutefois, bien que certains projets soient prêts sur papier, force est de constater qu’il faudra du temps pour mettre tout en œuvre. Il règne d’ailleurs un certain scepticisme quant à la capacité de l'État à déployer rapidement de l'argent ou à l'orienter vers des projets d'amélioration de la productivité.
Dernier rempart face à l’extrême-droite
Les entreprises craignent également que les disputes au sein de la coalition n'affaiblissent le programme de réformes structurelles. Tout le monde sait que l’Allemagne est affaiblie depuis l’invasion russe en Ukraine. Celle-ci a en effet marqué la fin de l’ère de l’énergie bon marché pour les industriels allemands qui sont en même temps confrontés à la déferlante de produits chinois, déroutés des USA par les droits de douane imposés à la Chine par Donald Trump.
Le chancelier lui-même concède enfin que son gouvernement est la dernière chance du centre d'arrêter la montée de l'extrême droite. L'Europe a besoin d’une Allemagne forte et en croissance, mais les défis sont immenses et le temps presse. La locomotive doit rester sur les rails !
