Défi fiscal de la Belgique : leçons des consolidations passées
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Confrontée à la nécessité de réduire son déficit primaire de 3% du PIB dans les 4 ans, la Belgique fait face à un défi budgétaire majeur. Des exemples historiques issus des pays de l’UE et de l’OCDE montrent que la consolidation guidée par les dépenses est la plus efficace et a tendance à soutenir une croissance plus forte par la suite. La Belgique peut tirer des leçons de ces modèles, mais leur mise en œuvre sera difficile.
Consolidation fiscale… D’accord, mais comment ?
Les pays qui réduisent leurs dépenses publiques pendant la consolidation enregistrent une croissance moyenne plus élevée par la suite.
Le gouvernement belge a du pain sur la planche. Avant même de devoir s’engager à augmenter les dépenses militaires, la trajectoire des finances publiques semblait, au mieux, agitée. Le déficit primaire, hors charges d’intérêts, doit diminuer rapidement. 3% du PIB au cours des 4 prochaines années serait un bon début. Mais comment ?
Jeter un œil chez les voisins
Au tournant du siècle, le bilan primaire de la Belgique était bon. Il était même bien plus positif que celui de la plupart des pays qui appartiennent actuellement à la fois à l’UE et à l’OCDE. Le graphique ci-dessous montre comment la Grande Crise Financière et surtout la pandémie de Covid ont perturbé l’ordre de choses, et pas seulement pour la Belgique.
Alors, dans quelle mesure est-il possible d’améliorer le solde budgétaire de 3% (ou plus) en 4 ans ? En examinant les 22 pays de notre ensemble de données OCDE/UE, on voit que pas moins de 24 épisodes similaires se sont produits au cours des deux décennies précédant la pandémie.
Les interventions ultérieures de la troïka placent la Grèce 2 fois sur cette liste, mais aussi l’Allemagne. Le Portugal et la République tchèque sont les seuls pays à entreprendre 3 efforts de consolidation. Quatre pays n’en ont pas fait un seul : la Finlande, la France, l’Italie et… la Belgique.
En revenant sur ces épisodes, quelques observations intéressantes ressortent. Tout d’abord, l’épisode moyen a vu le déficit primaire s’améliorer de 3,6% du PIB. Sur la trajectoire de 4 ans, la croissance serait en moyenne inférieure de 0,1 pp. Mais au cours des 4 années suivantes, elle a en moyenne accéléré de 0,7 pp par an.
Le plus fort de la consolidation – voire, en moyenne, l’ensemble de la consolidation – serait atteint par des dépenses plus faibles. Ce n’est pas que l’augmentation des revenus n’a pas joué un rôle, mais plutôt qu’en moyenne, elle n’a pas contribué à l’amélioration de l’équilibre budgétaire.
C comme croissance
Difficile de trouver le juste équilibre entre des dépenses plus faibles et des recettes plus élevées. Dans cet échantillon, les trois quarts des trajectoires d’amélioration budgétaire ont vu une contribution plus importante de la réduction des dépenses. En moyenne, ces épisodes ont entraîné une croissance plus élevée par la suite. En revanche, les épisodes dominés par les recettes ont entraîné en moyenne une baisse de la croissance.
Dans l’ensemble, la réduction des dépenses a été la stratégie dominante pour les gouvernements qui ont mené à bien un programme primaire de réduction du déficit. Le gouvernement belge peut s’inspirer de ce succès, mais le plus dur reste à venir.
