Le bâton, la carotte et l’aspirine

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Le secteur pharmaceutique se plaint de l’incertitude créée par Trump. La baisse des tarifs commerciaux est hors du contrôle des entreprises de l’UE. Quelle est la clé ?

Le mois dernier, le président Trump a annoncé une taxe à l’importation de 100% sur les médicaments de marque. Ne sont pas concernés : les acteurs pharmaceutiques dont une partie de la production est localisée aux États-Unis ou qui avaient déjà l’intention de s’y implanter.

Les bourses n’ont pas ou peu réagi à cette nouvelle. En effet, de nombreux producteurs ont déjà annoncé davantage de projets d’investissement aux États-Unis. L’objectif de l’administration américaine est, comme toujours, difficile à deviner. Le fait est que des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent aux États-Unis pour considérer les médicaments comme un secteur critique. Manier à la fois la carotte des subventions de l’Inflation Reduction Act et le bâton des tarifs douaniers pourrait convaincre davantage d’entreprises de s’installer aux États-Unis.

Exportations pharmaceutiques belges

Les États-Unis sont un partenaire commercial important pour notre pays. Moins important que nos pays voisins et le reste de l’UE – représentant respectivement 40% et 20% de notre marché de vente total – mais toujours une destination d’exportation importante avec 6%. Parmi les milliers d’entreprises belges qui exportent vers les États-Unis, ce sont surtout les plus grands employeurs qui prennent en charge la majeure partie.

Si nous examinons les chiffres de Comtrade pour la période 2021-2023, il est frappant de constater que le secteur pharmaceutique représente près de la moitié de ce flux commercial. Pendant la pandémie de Covid, la production de vaccins dans notre pays a tourné à plein régime, les États-Unis étant le principal client. Pendant cette période, la part belge sur le marché mondial des vaccins s’élevait à plus de 30%. Plus frappant encore, la Belgique représentait plus de 70% de tous les vaccins importés par les États-Unis.

Le tableau ci-dessous précise les chiffres pertinents pour le total des exportations pharmaceutiques belges (moyenne sur la période 2021-2023) tant pour le total que pour les trois principales catégories d’exportations vers les États-Unis. Ces trois pays représentent également 90% de nos exportations mondiales de médicaments.

Pharmaceutique et PIB

Le fait que la production de vaccins ait (temporairement) provoqué une poussée dans notre économie ressort immédiatement des chiffres du commerce international. Historiquement, la part de ces produits dans les exportations totales vers les États-Unis avant la pandémie était également de 40%. Cette augmentation temporaire a engendré de nombreuses exportations supplémentaires. Ce qui a donc contribué à notre croissance économique.

Le graphique ci-dessous montre (en orange) la part croissante du secteur pharmaceutique dans notre PIB total et (en vert) qu’il représentait 1 point de pourcentage de la croissance totale du PIB en 2022.

Le secteur se plaint à juste titre de la grande incertitude que la Maison Blanche et ses résidents vont sans doute continuer à susciter. La baisse des taux américains, voire leur stabilisation, échappe en partie au pouvoir des dirigeants d’entreprise et des décideurs politiques européens.

Que pouvons-nous faire ? Une étude du FMI montre que les entraves non tarifaires au commerce rendent le commerce intra-européen des marchandises plus cher de 40%. L’atténuation de ces barrières est dès lors une cible bien plus importante que le surcoût imposé aujourd’hui par les tarifs douaniers américains. Qui relèvera le défi ?