- 14/3/2025

Un marché du travail en transition

3 min

En Belgique, le marché du travail est frileux. Pourtant, le chômage augmente à peine. 94% de celles et ceux qui travaillent sont toujours à leur poste un an plus tard. De plus en plus de chômeurs s'intègrent au marché du travail, mais les inactifs trouvent de moins en moins d’opportunités. Les ajustements organisés autour des allocations de chômage sont-ils la solution?

Arne Maes

Senior Economist

Un ralentissement constant

L'atterrissage en douceur sur le marché du travail se poursuit. La création d'emplois – à savoir l'augmentation du nombre d’indépendants et d'employés – a atteint un sommet de près de 100.000 postes au cours des 3 premiers mois de 2022. Mais un fort refroidissement s'en est suivi. Entre octobre et décembre de l'année dernière, à peine 3.300 emplois ont été créés.

L'indice Federgon de l'emploi temporaire est en effet en baisse depuis 2018, bien qu'interrompu par les confinements liés à la Covid. Le taux de chômage reste pourtant obstinément inférieur à 6%. Ceci malgré une augmentation (temporaire) des craintes du chômage dans l'enquête mensuelle menée par la Banque nationale de Belgique auprès des familles belges. Mais que se passe-t-il donc sous le capot de notre marché du travail ?

Un monde qui change

Statbel publie trimestriellement les chiffres relatifs aux transitions sur le marché du travail. Pour ce faire, l'office statistique interroge les mêmes répondants, à intervalles réguliers, sur leur situation en matière d'emploi.

Statbel y divise les 15-74 ans en 3 groupes : les personnes actives, les personnes au chômage et les personnes non actives. Ce dernier groupe se compose principalement d'étudiants et de retraités. Statbel suit la définition du chômage de l'Organisation internationale du travail : des personnes actuellement à la recherche d'un emploi et disponibles dans les 2 semaines.

Les derniers chiffres montrent que 94% des travailleurs et travailleuses au T3 2023 travaillaient toujours un an plus tard. Parmi les autres, un tiers (2%) s'est retrouvé au chômage et les 4% restant ne sont plus sur le marché du travail. Pour mettre ce dernier chiffre en perspective : dans l'hypothèse d'une population de travailleurs ayant une répartition uniforme par âge entre 20 et 65 ans, plus de 2% atteindraient l'âge de la retraite chaque année. Au T3 2023, environ la moitié des chômeurs étaient toujours au chômage un an plus tard. Un quart est retourné au travail et  le quart restant a quitté le marché du travail.

Le marché du travail

La probabilité d’une perte d'emploi est restée assez stable – à environ 6% – durant ces dernières années (à l'exception d'un pic temporaire pendant les confinements liés à la Covid). Les personnes inactives ont également conservé leurs chances de trouver un emploi dans l'année, soit 8%. Une légère amélioration touche les chômeurs. Les chances de trouver un emploi dans les 12 mois ont légèrement augmenté, passant d'un peu moins de 30% avant la Covid à une moyenne de plus de 31% dans les chiffres les plus récents.

C'est sur ce dernier groupe que le nouveau gouvernement se concentre. Entre autres en adaptant les allocations de chômage. Elles devraient être plus élevées pour celles et ceux qui sont temporairement sans emploi et plus faibles pour celles et ceux qui ne sont pas retournés au travail après 2 ans. Un point de politique populaire qui, selon un sondage récent, est soutenu par 3 quarts des Flamands*.

La tâche n’est pas facile, pas plus que lorsque le gouvernement Di Rupo avait mis en place une mesure similaire en 2012. Dans une étude, l'Office national de l'emploi revient sur « 10 ans de dégressivité renforcée des allocations de chômage ». La conclusion ? Aucun impact sur les transitions vers le travail, mais une petite économie : 148 millions sur toute la durée observée.  L'étude pointe également du doigt la principale coupable de la mesure (ratée) : la complexité administrative. Le nouveau gouvernement devrait donc y travailler en priorité.

* Pour l'anecdote : il semble que peu de Flamands interrogés sachent combien de chômeurs notre pays compte réellement, mais ce n'est pas la question.