La Chine obligée de réagir
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Les premiers chiffres illustrant les dégâts potentiels de la guerre commerciale commencent à sortir un peu partout dans le monde et ils font peur. En Chine, la situation est d’autant plus inquiétante que la demande intérieure est en panne depuis longtemps et que tous les espoirs reposaient sur la conquête des marchés à l’exportation. De quoi faire réagir la banque centrale qui annonce une nouvelle détente de sa politique monétaire.
La deuxième économie mondiale est en difficulté depuis longtemps, minée par une demande intérieure en berne et par un secteur immobilier en nette surcapacité. Qui n’a jamais vu ces reportages télévisés sur les «villes fantôme » où des promoteurs ont construit des logements pour loger 3 milliards d’individus alors que la population chinoise ne fait que diminuer depuis des années ? Souvenons-nous également du scandale retentissant provoqué par les difficultés rencontrées par la société Evergrande, dès 2021. A cette époque, le monde apprenait que cette société, la plus endettée du monde, ne savait plus honorer les intérêts de sa dette gigantesque de $300 milliards. Cet épisode avait provoqué un vrai malaise sur les marchés financiers qui réalisaient à quel point le secteur était malade.
Depuis lors, comprenant le problème, la Chine avait opté pour une nouvelle stratégie, qui visait à faire reposer la croissance économique davantage sur ses exportations que sur sa demande intérieure. Cette stratégie marquait un revirement drastique par rapport au programme initial de Xi Jinping, dès son arrivée au pouvoir en 2013. Le pays n’a certes pas renoncé à doper le pouvoir d’achat de ses citoyens, tout en essayant de minimiser la débâcle du secteur bancaire affecté par l’immobilier qui pèse 25% dans le PIB du pays, mais le président était reparti à la conquête des marchés d’exportations …. Une bonne idée, qui vacille à présent sous le coup de la guerre commerciale américaine.
Les premiers chiffres qui permettent de se faire une idée des dégâts provoqués par Donald Trump commencent à sortir et ils font peur : annulations massives de commandes, bateaux à moitié vides qui débarquent dans le port de Los Angeles faisant craindre des pénuries dans les magasins américains, réduction de la production industrielle et annonces des premiers licenciements dans de nombreuses usines.
La Chine brandit la politique monétaire
La Chine vient donc de décider d’utiliser une nouvelle fois l’arme monétaire, en annonçant une nouvelle baisse de son taux d'intérêt de référence et ainsi qu’une réduction du ratio de réserves obligatoires des banques afin d’offrir un soutien à l'économie face à la guerre commerciale avec les États-Unis. La Chine va également réduire plusieurs taux d'intérêt directeurs pour libérer des liquidités à long terme dans le système bancaire. La banque centrale réduira également le ratio de réserves obligatoires pour les sociétés de financement de véhicules, ce qui libérera des capitaux et améliorera leur capacité de prêt. Le coût de l'emprunt dans le cadre d'un programme gouvernemental d'achat de logements sera lui aussi réduit afin de tenter une nouvelle fois d'aider le marché immobilier à se stabiliser. Enfin, la Chine dévoilera prochainement les détails d’un plan visant à élargir les possibilités pour les compagnies d’assurance d'investir sur le marché boursier.
Mesures d’urgence
On sait qu’une première réunion aura lieu très prochainement entre Donald Trump et le président chinois afin de trouver un terrain d’entente sur les droits de douane, mais en attendant, les mesures qui viennent d’être annoncées au plan monétaire montrent l’urgence de la situation. Il est encore tôt pour se faire une vraie opinion sur les dégâts de la guerre commerciale car les statistiques ne sont bien souvent pas encore disponibles : le temps ne s’écoule plus à la même vitesse depuis le retour de Donald Trump aux commandes ! Les 100 premiers jours paraissent 100 semaines !
En attendant, ces annonces au plan monétaire feront encore baisser davantage le Yuan, ce qui constitue un petit coup de pouce supplémentaire aux exportations, même si cela semble dérisoire face à la déferlante Trump.
