- 12/11/2024
Les États-Unis s’apprêtent à taxer plus ou moins lourdement de nombreux produits importés afin de renforcer l’industrie américaine pour « Make America Great Again ». Vivons-nous toujours dans un monde où ce genre de mesures fonctionnent ? Pas sûr !
Senior Economist
Le suspense des élections américaines est à peine clôturé que le sujet suivant arrive sur la table : que faire face à la volonté de Donald Trump de protéger les industries américaines en imposant des droits de douane sur tous les produits importés ?
La question est sur toutes les lèvres car les États-Unis sont le premier client de l’Europe et l’enjeu est donc de taille.
À y regarder de plus près, on comprend la volonté américaine de tenter de réduire le déficit galopant de la balance commerciale qui frôle à présent les 100 milliards de dollars par mois. Ce souhait est d’autant plus compréhensible que le monde redoute de se faire envahir par des produits chinois largement subsidiés à l’heure où la Chine cherche désespérément à faire repartir son économie atone.
Au vu des chiffres historiques, on peut se demander si le monde dans lequel nous vivons permet encore ce type de protectionnisme. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait en effet déjà imposé des droits de douane sur plus de 200 produits venus d’Europe et surtout de Chine (aluminium, acier taxé à 30% en 2018) sans que cela ne permette d’enrayer la lente détérioration de la balance commerciale. Quelques mois après avoir mis en place ces taxes à l’importation, les indices de confiance des patrons d’entreprises s’étaient d’ailleurs détériorés de manière notoire car beaucoup avaient compris qu’ils seraient les premiers punis par ces nouvelles taxes.
Il n’en demeure pas moins que Donald Trump a axé sa campagne sur le retour du protectionnisme et qu’il faudra voir quelle forme celui-ci prendra.
Si les États-Unis se lancent dans une nouvelle vague de protectionnisme comme Trump le souhaite, l’Europe doit-elle suivre et répondre du « tac au tac » ? Les États-Unis nous achètent essentiellement des produits pharmaceutiques, des voitures et des biens de luxe et ils nous vendent majoritairement des produits pétroliers et du gaz. Pas sûr qu’il soit si facile de répondre du « tac au tac » dans ce contexte, surtout si l’Europe veut éviter un regain d’inflation.
2025 s’annonce d’ores et déjà compliquée pour l’Europe, qui va devoir gérer en parallèle sa propre politique de défense dans un contexte géopolitique tendu. La France et l’Allemagne n’abordent pas non plus 2025 de manière sereine au plan politique et on sait très bien que lorsque ce duo est en difficulté, les décisions sont encore plus compliquées à prendre. Pourtant, l’Europe va devoir en prendre car les défis sont nombreux !
Affaire à suivre.
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