Une discussion de comptoir sur l’avenir des Bitcoins et l’utilité de l’inflation.
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Jeudi, 22h12, Café Kalifornia (Boechout)
Bitcoin Maxer : « Le bitcoin est la seule monnaie dont le monde aura besoin à l’avenir. »
Arne Maes : « Ce sera alors sans banque centrale. Cependant, avec leur politique monétaire, celles-ci atténuent les pics et les creux de la croissance économique. »
BM : « Ok. Mais comment une banque centrale peut-elle gérer cela ? »
AM : « Une banque centrale, comme la BCE ou la FED, peut relever les taux d’intérêt lorsque l’inflation augmente. C’est ainsi qu’une économie en surchauffe ralentit. Et vice versa, en cas de baisse de la demande, celle-ci peut être stimulée par un crédit moins cher. En conséquence, le chômage augmente moins en période de récession économique, par exemple. »
BM : « C’est bien ce que je disais : les banques centrales dévaluent notre argent. »
AM : « Oui mais… »
BM : « En réalité, l’inflation devrait toujours être nulle. »
AM : …
BM : « Tu ne trouves pas moralement répréhensible que notre épargne se déprécie à la suite de décisions de quelques gros bonnets de Francfort ? »
AM : « Je comprends ce que tu ressens. »
BM : « C’est bien plus qu’un sentiment. Si j’ai gagné de l’argent, pourquoi devrait-il perdre de sa valeur ? Cite-moi un seul effet bénéfique de l’inflation ! »
AM : « L’inflation décourage les individus rationnels qui seraient tentés de thésauriser leur épargne et ne mettraient pas leur argent au travail. »
BM : « Que veux-tu dire ? »
AM : « Pour le dire simplement : si un consommateur hésite entre acheter aujourd’hui ou demain, mais à un prix plus élevé, c’est la conséquence de l’inflation. De ce point de vue, l’inflation est donc un incitant à la consommation, ou dans le cas des entreprises, à l’investissement. »
BM : « Mais ce n’est pas comme ça que ça marche avec le Bitcoin. Je possède mes 5 jetons et il n’y en aura jamais plus de 21 millions. Je suis donc certain qu’ils ne se déprécieront pas, peu importe combien de temps je les garderai. »
AM : « D’accord, mais ce n’est pas un système économique viable. »
BM : « Pourquoi pas ? »
AM : « Parce que l’inflation permet d’allouer de manière optimale des ressources rares. Pour éviter que l’inflation n’affecte ton patrimoine, essaie de le faire fructifier. Tu chercheras alors du rendement et ce rendement passe par les investissements. »
BM : ...
AM : (sur sa lancée) : « En réalité, l’inflation est la contribution que l’épargnant verse à la création de richesse future. Il doit faire fructifier son argent pour aider à financer les infrastructures qu’il contribue à préserver : coffres-forts, réseaux de paiement, militaires professionnels. Vu sous cet angle, il s’agit en fait d’une sorte de condition de la croissance économique. Une croissance qui maintient l’existence de la sous-structure, dont ton épargne tire sa valeur. En substance, ta vision est celle d’un conservatisme extrême. Elle représente un monde dans lequel il ne peut plus y avoir de croissance. »
BM : « D’accord. Mais ça doit aussi être possible sans inflation, non ? »
AM : (réfléchit) « À l’époque où la BCE n’avait pas réussi à ralentir l’inflation, des idées plus exotiques avaient circulé. Par exemple, pour encourager les gens à dépenser leur argent (en espèces), un numéro à deux chiffres aurait été tiré au sort chaque mois. Tous les billets dont le numéro de série se termine par ces chiffres auraient immédiatement expiré. »
BM : « Une politique déflationniste : je trouve ça bien. »
AM : « C’est une question de point de vue. Dans ce cas, il y a donc pour chaque individu une probabilité de 1 % de perdre chaque billet possédé. En moyenne, cela se traduit par une perte de pouvoir d’achat de 1 %. »
BM : « Attends un peu… »
AM : « En fait, c’est aussi le mode de fonctionnement des crypto-monnaies aujourd’hui, quand on voit combien de fois les bitcoins sont volés ou perdus. Tu ne penses pas que la probabilité de perdre tes cryptomonnaies chaque année est supérieure à zéro ? »
BM : « Les cours ont de nouveau bondi de 3%. C’est une valeur refuge idéale. »
AM : « Je pense qu’on ne va pas y arriver. Mais il me semble que la prochaine tournée est clairement pour toi. »
BM : « Avec plaisir, mais je suis un peu à court d’argent… »
