Des relations de voisinage compliquées
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Le destin de l’économie allemande est déterminant pour celui de notre propre économie. En 2023, l’Allemagne constituait notre deuxième partenaire d’importation le plus important, représentant plus de 14% de la valeur statistique totale de nos importations. Juste devant la France (13%) et loin derrière les Pays-Bas (21%). Nous avons simulé l’impact quantitatif d’un ralentissement de l’économie allemande sur l’économie belge. Un retard de croissance de l’Allemagne à raison d’1 point de pourcentage pourrait saper 0,4% de la croissance belge. Les négociateurs du gouvernement seraient donc plutôt favorables à un redressement urgent de l’économie allemande.
Les chiffres finaux du PIB pour le 2e trimestre de cette année ont été publiés il y a quelques semaines sur le site web d’Eurostat. Depuis début 2022, l’économie de notre pays a progressé de 3,1%. Une croissance beaucoup plus rapide que la moyenne de la zone euro, qui s’élève à 2,6%. À vrai dire, parmi les grands pays de la zone, seule l’Espagne a produit un meilleur score que nous. Nos voisins néerlandais et français ont atteint 2,7%. Quant à l’Allemagne, moteur du bloc euro jusqu’à récemment, elle enregistre 0,03%.
Les soucis de l’Allemagne...
Pas de croissance, dès lors, dans le plus grand pays du bloc euro. Après un nouveau recul de l’économie durant la période d’avril à juin, l’Allemagne a enregistré sur les neuf derniers trimestres pas moins de cinq trimestres de croissance négative. Fait notable : chaque recul a été suivi d’une période de croissance (modérée), c’est pourquoi on ne peut pas encore parler de récession technique.

Les dernières prévisions de nos collègues de Londres tablent sur une croissance d’à peine 0,1% pour l’ensemble de 2024. Il s’agit certes d'une légère amélioration par rapport au -0,1% de l’an dernier. Une politique fiscale sévère et une situation internationale incertaine pèseront aussi sans aucun doute sur les perspectives de croissance de l’Allemagne l’année prochaine.
Impact sur le commerce
Le destin de l’économie allemande est déterminant pour celui de notre propre économie. En 2023, l’Allemagne constituait notre deuxième partenaire d’importation le plus important, représentant plus de 14% de la valeur statistique totale de nos importations. Juste devant la France (13%) et loin derrière les Pays-Bas (21%).
Pour l’export, l’Allemagne est même numéro 1 : près d’un cinquième de la valeur totale de nos exportations finit dans ce pays. Elle surpasse la France (14%) ici encore, de même que les Pays-Bas (15%).
Depuis lors, le volume des échanges a considérablement chuté. Le dernier rapport de la BNB révèle que jusqu’en mai 2024 inclus, le total de nos exportations vers l’Allemagne était inférieur à celui de la même période il y a 12 mois, de pas moins d’1,2 milliard, soit près de 15%. Entre-temps, l’export total pour notre pays a diminué du même montant exactement. L’import allemand a lui aussi dégringolé, à raison de plus de 6,5%.
Impact quantitatif
Devons-nous nous inquiéter du ralentissement de l’Allemagne ?
Nous avons simulé l’impact quantitatif d’un ralentissement de l’économie allemande sur l’économie belge. Un retard de croissance de l’Allemagne à raison d’1 point de pourcentage pourrait saper 0,4% de la croissance belge. Si nous considérons éventuellement une politique de compensation monétaire, la croissance belge connaîtrait tout de même un ralentissement de 0,3 point de pourcentage.
Un impact qui n’est pas négligeable. Avec une économie allemande à plein régime, la croissance belge aurait déjà pu être bien plus élevée ces deux dernières années, ce qui aurait notamment entraîné un trou moins important dans notre budget.
Les négociateurs du gouvernement seraient donc plutôt favorables à un redressement urgent de l’économie allemande.
