- 29-11-2024
Philippe Gijsels, Chief Strategy Officer, prévoit une année potentiellement volatile sur les marchés des actions, tandis qu’il estime que la dynamique de l’offre et de la demande de matières premières est favorable à long terme. Il fait également remarquer que l’évolution du cours du dollar américain est moins évidente qu’elle ne le semble à première vue.
Chief Economist
« Jusqu’à présent, 2024 a été très favorable pour les marchés boursiers, particulièrement aux États-Unis », souligne Philippe Gijsels, Chief Strategy Officer chez BNP Paribas Fortis. « L’année 2023 a été marquée par les résultats spectaculaires des "Magnificient Seven". Cette année en revanche, la hausse n’est pas due uniquement à cette poignée de valeurs technologiques – en réalité, il s’agit d’un peu plus de sept entreprises. Nous constatons en effet que le rallye boursier s’est élargi à un grand nombre d’actions, de secteurs, de thèmes et de groupes. »
Il n’empêche que le marché des actions a connu en 2024 la plus grande concentration depuis de nombreuses décennies. Les géants de la tech que sont les "Magnificent Seven" représentent en effet quelque 30% de la valeur boursière de l’indice S&P 500. L’ultra concentration générée par cette poignée d’entreprises dont les actions augmentent de manière disproportionnée, favorise l’investissement passif (c’est-à-dire acheter l’indice sans faire de choix parmi les actions qui le composent).
En 2024, la bourse américaine a affiché des performances nettement supérieures à celles des autres marchés boursiers. Une tendance amorcée lors de la crise financière de 2008-2009. Avec Donald Trump aux manettes, on a du mal à envisager à court terme une inversion de la tendance en faveur, notamment, de l’Europe ou de la Chine. Cependant, il se pourrait qu’à un moment ou à un autre, en raison de la grande différence de valorisation entre les marchés, la tendance s’inverse. Compte tenu de la très longue période d’exceptionnalisme américain, il est toutefois judicieux de rester focalisé sur la qualité, que ce soit dans le secteur technologique ou dans d’autres secteurs. Étant donné l’incertitude géopolitique et économique, les marchés financiers pourraient connaître une année extrêmement volatile, ce qui permettra peut-être à la gestion active de prendre le dessus sur la gestion passive.
Globalement, 2024 n’a pas été une année particulièrement faste pour les matières premières, la faute à la faible croissance chinoise et à un dollar américain fort.
En revanche, grâce aux achats des banques centrales, l’or a tutoyé les sommets. D’autres éléments spécifiques, comme les métaux rares, ont aussi connu une tendance haussière. BNP Paribas Fortis est convaincu qu’il ne s’agit que du début du plus grand marché haussier de l’histoire, particulièrement en ce qui concerne les métaux.
Philippe Gijsels : « La dynamique de l’offre et de la demande demeure particulièrement favorable à long terme, a fortiori si la Chine commence à booster son économie afin de compenser un possible affaiblissement de ses exportations, dû à la hausse des droits de douane. L’or et l’argent demeurent des valeurs sûres en tant que refuge contre l’inflation et l’incertitude géopolitique. »
Au cours de l’année écoulée, les principales devises, le cours euro-dollar en tête, n’ont pas subi de bouleversement majeur. En règle générale, le marché des devises ne s’est pas non plus montré trop volatil.
Le rapport entre le dollar américain et le yen japonais déroge cependant à cette règle. En août 2024, la monnaie japonaise a connu une remontée spectaculaire, mettant en péril le carry trade (une technique financière consistant à emprunter dans une devise à faible taux d’intérêt, en l’occurrence le yen, pour investir dans une autre devise à taux d’intérêt plus élevé) et provoquant un regain de volatilité dans les autres marchés.
L’année 2025 pourrait être un peu plus volatile sur les marchés des devises. Avec l’arrivée de Donald Trump, il y a de fortes chances que le rythme de croissance des principaux blocs (États-Unis, Europe, Japon, Chine, etc.) soit différent et que les politiques monétaires divergent d’une banque centrale à l’autre. Si le taux d'intérêt américain augmente plus rapidement (ou diminue plus lentement), le différentiel de taux d'intérêt avec les autres devises augmentera, ce qui devrait attirer davantage d'argent sur les marchés obligataires américains et renforcer le dollar.
Cependant, Donald Trump mise beaucoup sur une réduction du déficit commercial américain, à laquelle un affaiblissement du dollar pourrait contribuer. Il est donc parfaitement imaginable que les différents blocs s’entendent sur un affaiblissement du dollar en échange d’une plus grande mansuétude commerciale de la part des Etats-Unis, avec moins de droits de douane.
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