- 30/4/2024
La jeune société belge Cohabs rénove des maisons de maître pour les transformer en logements design, bien équipés et confortables, pour ensuite les dédier à la colocation.
« Le marché de l’immobilier est très tendu depuis plusieurs années. Trouver une maison ou un appartement en ville est compliqué. La conjoncture économique est peu propice pour les nouveaux projets résidentiels, alors que la demande de logements reste élevée », analyse Youri Dauber, CEO de Cohabs. « Et les défis ne manquent pas : il faut lutter contre la bétonisation et la tendance au lotissement en densifiant les villes. Il faut aussi améliorer les performances énergétiques des bâtiments et, last but not least, trouver des solutions au problème de la solitude qui touche un grand nombre de personnes, toutes générations confondues. »
Cohabs dispose de 2.500 chambres dans 150 bâtiments à Bruxelles, Paris, New York, Madrid et Luxembourg. La location inclut la totalité des charges, y compris par exemple la connexion internet, l’abonnement à Netflix ou des services de ménage, mais aussi l’accès à des communs bien équipés : salle de sport, salle de cinéma, jardin, espace de coworking... Pour faciliter la cohabitation et éviter tout risque de frustration, Cohabs se charge aussi de fournir des produits de base : papier toilette, liquide vaisselle et autres produits d’entretien, sel, poivre, huile d’olive, etc. Une app permet d’établir le contact entre les résidents Cohabs d’une même ville, qui peuvent en outre se rencontrer lors d’une fête organisée chaque mois.
« En 2016, nous avons créé la société en pensant aux 25-35 ans. Mais nous avons de suite reçu beaucoup de demandes des personnes entre 50 et 70 ans », se souvient Youri Dauber. « Mes propres parents, âgés de 75 ans, me ‘tannent’ pour que nous ouvrions le concept à leur génération ! Nous avons réalisé que le coliving ne convenait pas qu’à de jeunes actifs. Il est aussi idéal pour des personnes dont le parcours de vie passe par une période de transition durant laquelle ils peuvent souffrir de solitude : séparation, décès du partenaire… Nous réfléchissons aussi à des offres pour les familles, qui ont besoin d’espaces communs plus vastes et de conditions bien cadrées. Comme toute jeune entreprise innovante, nous nous réinventons en avançant. Nous progressons par essai et erreur, en apprenant énormément de ce qui ne marche pas. »
Et très régulièrement, Youri Dauber découvre à quel point la cohabitation peut aussi être une aventure sociale. « L’un de nous hébergeait un réfugié syrien de 45 ans, qui était tenté par une colocation. Nous pensions que la sauce ne prendrait pas avec des colocataires d’une vingtaine d’années. Mais nous nous trompions : les relations tissées ont été si riches que nous avons étendu le concept, via un partenariat avec l’ASBL française Singa. Environ quarante de nos maisons proposent désormais une chambre solidaire. »
La jeune entreprise mise par ailleurs sur un design soigné, créé par la star belge de l’upcycling Lionel Jadot. Son approche cadre parfaitement avec la philosophie environnementale de Cohabs, qui utilise aussi des matériaux recyclés pour ses rénovations, et qui dans la même logique prévoit des panneaux photovoltaïques et la récupération des eaux de pluie. « Nous avons pour objectif d’arriver à des scores PEB de B à C, ce qui est excellent pour des bâtiments anciens », reprend Youri Dauber. « Nous avons atteint la neutralité carbone et adhérons à l’organisation 1% for the Planet. »
Cohabs a pu compter sur le soutien de BNP Paribas Fortis pour ses investissements et pour l’achat de nouveaux bâtiments. « Ils nous suivent depuis la troisième maison, alors que nous n’étions qu’une toute petite société qui demandait tout de même des montants très importants, de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’euros ! Ils nous ont soutenus et nous ont accordé des crédits qui nous ont permis de grandir à l’étranger. C’est un vrai partenariat, ils nous font confiance et croient au potentiel de notre concept. »
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