- 18-12-2024

Les crédits restent stables en Belgique… pour l’instant

2 min

La conjoncture européenne semble s’être refroidie d’un coup depuis la réélection de Donald Trump mais l’inquiétude était manifestement déjà présente avant le 5 novembre. Les entreprises belges sont en tout cas devenues plus frileuses en matière d’investissement au cours du troisième trimestre, faisant baisser l’encours des crédits octroyés par les banques pour la première fois depuis 2021. Que réserve l’avenir ?

Ecrit par

Sylviane Delcuve

Senior Economist

D’après les derniers chiffres publiés par la BNB, la croissance belge est restée soutenue grâce à la consommation des ménages mais les investissements, aussi bien émanant des entreprises que dans le secteur de la construction, ont contribué négativement à la progression du PIB au cours des 3 derniers mois. À y regarder de plus près, il s’avère que la poussée des investissements des entreprises, qui avait commencé à la mi-2022, s'est terminée brusquement au début de 2024. Même après ajustement pour tenir compte d'un grand projet d'investissement spécifique dans le secteur des TIC au deuxième trimestre, la croissance sous-jacente de l'investissement des entreprises est demeurée négative au troisième trimestre de 2024. Les résultats des entretiens menés par la BNB (via Business Echo) en octobre et novembre confirment que les entreprises ont réduit leurs dépenses d'investissement au cours des derniers trimestres, dans un objectif de réduction des coûts. Les entreprises belges interrogées reconnaissent privilégier des investissements ciblés visant à améliorer l'efficacité opérationnelle, tels que l'automatisation et la numérisation, afin de faire face à la hausse des coûts de main-d'œuvre et, en particulier, aux pénuries de main-d'œuvre. De nombreuses entreprises ont également fait état d'investissements soutenus dans les technologies « vertes », poussées par des exigences réglementaires de plus en plus strictes.

Coup de froid sur la conjoncture

Comme la conjoncture européenne semble s’être refroidie brutalement depuis la réélection de Donald Trump, la confiance des consommateurs et celle des patrons belges se dégrade également depuis quelques semaines. Il est vrai que chaque pays tente d’estimer l’impact des nouvelles mesures de protectionnisme, qui entreront en vigueur au début de 2025, sur sa propre économie et cela a de quoi refroidir les plus téméraires.

Progression satisfaisante des encours crédits

Nous nous sommes intéressés aux chiffres relatifs aux octrois de crédits en Belgique, compilés par la BCE, afin de tenter de mesurer l’ampleur du phénomène. À fin octobre, l’encours des crédits aux entreprises dépassait toujours les 150 milliards d’euros et force est de constater que la progression reste tout à fait encourageante. À un an d’écart, l’encours a certes reculé d’1% mais il s’agit de la première baisse depuis le printemps 2021. À cette époque, les chiffres subissaient d’énormes distorsions car nous étions sans cesse en train de comparer par rapport à l’année 2020, si particulière pour tous les pays. Le recul observé à cette époque est donc plutôt « technique ». Ce qui est frappant, par contre, c’est la stabilité et la belle tenue de la progression des crédits aux entreprises (et aux particuliers) au cours des dernières années, malgré les hausses de taux d’intérêt et l’environnement très incertain provoqué par la flambée des prix de l’énergie à partir du printemps 2022.  

2025 devrait voir les baisses de taux se poursuivre, certainement en Europe où la lutte contre l’inflation semble terminée. Voyons à présent l’effet « Trump » sur les investissements des entreprises belges pour voir si le petit coup de mou observé dans les octrois de crédits au mois d’octobre 2024 devient une nouvelle tendance ou pas.