Rencontre avec une âme tourmentée

Léon Spilliaert (Ostende, 1881 – Bruxelles, 1946)

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« Le printemps », 1929

Aquarelle sur papier, 45 x 105 cm

Ostende est la ville natale et la source d’inspiration de Léon Spilliaert : sa fascination pour la mer, les marées, les digues, les galeries, le phare et les quais du port sont des thèmes récurrents dans son œuvre. À l’exception de ses portraits, les œuvres de Léon Spilliaert ne représentent pas souvent des figures humaines.

Et lorsqu'il en peint malgré tout, ses personnages sont placés dans une ambiance empreinte de solitude et plongés dans une atmosphère nocturne, hostile et oppressante. Dans les années 1920, les paysages revêtent des tons plus vifs tout en gardant une palette de couleurs limitée. L’utilisation de couleurs sombres dans les paysages restera néanmoins une constante dans toute son œuvre. Cet artiste autodidacte occupe une place particulière dans le paysage artistique belge. Très indépendant d’un point de vue stylistique, il s’approchera de plusieurs courants artistiques tels que le symbolisme, l’expressionnisme ou le surréalisme sans jamais y adhérer réellement.

MÉLANGE DE MÉDIUMS

Il travaille de préférence en combinant plusieurs médiums dans une même œuvre, notamment l’encre de Chine, l’aquarelle, le crayon, la gouache, le pastel et le fusain. Comme support, il a une préférence pour le papier ou le carton. Ici, dans Le printemps, la couleur sombre du ciel tourmenté à l’arrière-plan contraste avec les tons clairs des arbres en pleine lumière. Il crée une œuvre intemporelle, énigmatique et mystérieuse. Mer ou Ardennes, le paysage de Spilliaert est toujours sobre et dépouillé. Il n’a rien de pittoresque ou d’anecdotique.

SOLITUDE SYMBOLIQUE

Le symbolisme et l'expressionnisme se mêlent dans un sentiment de solitude, caractéristique de toute l'œuvre de Léon Spilliaert. La manière de construire l’espace est très moderne pour l’époque : il synthétise l’espace et dépouille sa composition de tout ce qui est accessoire. Au point de tendre, parfois, vers l’abstraction. Il utilise toujours une perspective diagonale pour accentuer le sentiment d’anxiété. Ses paysages sont le reflet des tourments de sa vie.

Spilliaert séjourne régulièrement avec sa famille dans les Hautes Fagnes et est fasciné par cette nature intacte. À partir de ce moment-là, la forêt – et plus particulièrement les arbres – devient sa nouvelle source d’inspiration.