Œuvre graphique profondément humaine

Frans Masereel (Blankenberge, 1889 – Avignon, 1972)

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« Matelot avec accordéon dans un cabaret », 1949

« Désespoir, 16/25 », 1949

« Hommage à Émile Verhaeren, 10/25 », 1955

Encre de Chine sur papier, 14 x 13 cm, Gravures sur bois 18 x 25 cm, 40 x 32 cm

Frans Masereel s'est fait connaître à travers le monde en tant qu'artiste graphique et illustrateur. Il suit une formation en typographie à Gand où il rencontre le graveur Jules De Bruycker. Très vite, la Flandre devient trop petite pour lui... Il part pour Paris et voyage, notamment en Allemagne, en Tunisie, en Angleterre, en Russie et en Amérique.

L'œuvre Matelot avec accordéon dans un cabaret reprend un thème de sa période d’avant la guerre. Ses sujets se rapprochent du réalisme flamand : la kermesse, le bal populaire, les matelots. À Paris, il va plutôt peindre les mendiants et la vie dans la rue.

ENGAGEMENT

La guerre marquera profondément Masereel. Il optera dès lors après celle-ci pour des thèmes engagés qu’il répétera dans un style expressionniste : la peur et l’horreur de la guerre, les gens qui fuient. Il dénonce également les excès de l’industrialisation, l’aliénation dans la ville et l’injustice de la pauvreté de façon satirique.

Masereel s’inspire de ce que l'on appelle les livres-blocs et gravures sur bois du Moyen-Âge tardif d’Albrecht Dürer. Le puissant effet de noir et blanc de cette technique correspond parfaitement aux sentiments que lui procurent la guerre et l’abus de pouvoir. Grâce à la technique de la gravure sur bois, il peut facilement diffuser son travail et atteindre de nombreuses personnes avec son message pacifique.

GRAVURE SUR BOIS

Sa grande maîtrise de la technique de la gravure sur bois apparaît clairement dans Hommage à Émile Verhaeren. Verhaeren est un poète belge qui a également séjourné à Paris pendant une période, et pour qui Frans Masereel a illustré le recueil Cinq récits. Cette œuvre expressionniste révèle des contrastes dans la représentation du poète au premier plan : avec seulement quelques grandes parties en noir et blanc et quelques traits puissants pour exprimer les rides sur le visage et les plis des vêtements, il parvient à croquer un personnage avec beaucoup de tension, de caractère et d’émotion.

L’arrière-plan est traité différemment : l’agitation d’une grande ville et des usines est dessinée de manière très minutieuse. Masereel illustre souvent cette thématique de façon identique, dans le but de mettre en avant les revers de l’industrialisation. Une sirène apparaît entre les maisons ouvrières. Ce personnage est récurrent dans son œuvre. Dans son roman graphique La Ville, la sirène sauve la ville.

Cette thématique se retrouve également dans la composition Désespoir : le personnage à l’avant-plan, submergé par ses sentiments, est esquissé devant une métropole menaçante.

EN SAVOIR PLUS

Site web de Frans Masereel